Les Spathas


Gladius

C’est à partir du IIIe s. qu’a disparu le gladius (lat.), épée courte à deux tranchants plus communément appelée « glaive romain » connue au moins depuis le Ier s. av. J-C. (Cicéron), au profit de plus grandes lames.

Spathae

L’« épée » décrite dans les textes latins, par Tacite par exemple, sous le terme de spatha (lat. du gr. spathê, « épée ») était une épée longue à double tranchant.

Les usages :

Dans l’armée romaine :

L’armée romaine a équipé sa cavalerie de spathae, ainsi que ses auxiliaires. Bien que ces grandes lames aient trouvé une large diffusion parmi les fantassins et les cavaliers de l’Antiquité tardive, elles ne sont pas nouvelles. En effet, ces spathae sont connues chez les populations celtes d’Europe centrale depuis La Tène (III-IIe s. av. J.-C.). À partir des IIIe-IVe siècles, des changements sont intervenus dans les différentes armées autant dans la modification des équipements défensifs que dans les tactiques de combats. Les batailles rangées ne sont plus d’actualité. Pourtant, cette image de soldats romains du Ier s. protégés par d’imposants boucliers en forme de tuiles a été largement véhiculée. D’armée de conquête, elle est devenue une armée défendant des frontières stationnant ses principaux contingents sur les limites rhénan et danubien. Les Romains ont alors ajusté leurs boucliers et agrandi les lames de leurs épées, augmentant la mobilité et l’allonge afin de toucher son adversaire en restant à bonne distance. Ainsi, l’armée romaine s’est adaptée aux tribus germaniques massivement composées de contingents de pillards effectuant des incursions en territoire romain ; du moins pour la partie occidentale de l’Empire.

Chez les Germains :

Si l’Empire romain a disposé d’ateliers permettant d’équiper convenablement ses soldats, cela n’a pas été le cas des fantassins germains. Ceux-ci s’armaient seuls, en fonction des rétributions allouées par les chefs de guerres et des fruits de pillages. Ce système de fonctionnement était proche de celui des anciennes tribus celtes européennes, où les armes très décorées restent l’apanage de l’aristocratie. L’épée était un gage de pouvoir, qu’elle provienne d’une commande, d’un cadeau diplomatique ou que la lame fût achetée au marché noir. Ce symbolisme a perduré jusqu’au Ve siècle. La majorité des épées recevait sur les montages et les fourreaux de fines pierres (grenats) et des verroteries taillées, ainsi que des éléments en métaux précieux ; une véritable course entre élites. Des pièces plus simples ont existé, où les fourreaux et les montages sont élaborés avec des matières organiques (bois, os, corne).

Ci dessous : Reconstitution de la spatha de Flonheim. Troisième quart du V ème siècle ap.J.C. Cette épée se compose d’une lame en acier corroyé et de montage en tôle de laiton plaqué or et de grenats cloisonnés.

Quelle utilisation des pièces remarquables ?

Les « spathae à poignée en tôle d’or », pièces d’exception destinées aux aristocrates de hauts rangs datées du Ve s., sont les plus beaux modèles découverts à ce jour. Mais leur utilisation au combat pose légitimement question. Une épée est une arme. Son usage dépend des qualités intrinsèques de la lame (poids, équilibrage, fabrication) et de son porteur. Mais, ces pièces d’exceptions étaient fragiles. Tout d’abord, les montages en bois étaient recouverts de tôle d’or d’une épaisseur de 0,2 à 05,5 millimètres, or qui ne trouve son utilité que dans son intérêt décoratif et clinquant. Quant aux fourreaux, ils étaient également couverts d’éléments en or complétés par de la verroterie. Ainsi, un choc ou un coup lors d’un combat pouvaient faire sauter une pièce ou l’endommager. Ensuite, les lames respectent un standard allant de 74 à 80 cm de long pour 5,5 cm de large à leur base (ou 7,5 cm pour les modèles plus massifs). Très fines, elles reçoivent une à deux gouttières autorisant une réduction du poids, mais elles restent peu maniables. Considérons probablement ces modèles différemment de leur usage guerrier. Le symbolisme du pouvoir et de la richesse dans la mort est fort lorsque la famille inhume un de ses membres. Le défunt a été paré du même prestige que celui dont il jouissait de son vivant. La question quant à leur usage réel reste ouverte sur le champ de bataille et de leurs réelle utilité lors d’un combat.

Ci dessous : reconstitution de la spatha de Pouan. Troisième quart du V ème siècle de notre ère.

L’époque mérovingienne (VIe s.) a vu se développer une nouvelle aristocratie de propriétaires terriens sur le territoire de la France actuelle. Les spathae se sont démocratisées, mais elles portent moins de décors. Les lames ont conservé leur longueur, mais pas leur largeur, ce qui les a rendues plus adaptées à l’usage qu’en ont fait les fantassins. Les exemplaires découverts dans ces nécropoles attestent de leur importante diffusion, alors que la notion de prestige devait y être toujours attachée.

Spatha mérovingienne, pièce d ‘inspiration (milieu du VI -ème siècle ap.J.C.)